Dans le cadre de la programmation « Faire la ville » aux Arches Citoyennes,
nox.center présente

Nowhere Now

Une exposition de Ben Spider

Aux portes des métropoles, Ben Spider explore les zones périurbaines à travers la sérigraphie, interrogeant la perception, la mémoire et la place de l'humain dans un monde en mutation. Sa trame démesurée nous invite à un voyage poétique le long d’espaces désertiques et pourtant familiers. 

5-10 avril 2024
Vernissage : vendredi 5 avril à 18h30

nox.center / Les Vitrines des Arches

4 rue Saint Martin 75004 Paris

Bridge 11, 4 colors digital screenprint on canvas, 1/3, 100x100 cm, 2023

La série RoadTrip est une promenade, une échappée commencée en 2020 alors que les déplacements étaient limités. Ben Spider crée des œuvres tramées à partir d’images de circulation obtenues en ligne, de copies d’écran sur les moteurs de recherche, dans une démarche proche des appropriationnistes, ces artistes qui copient des images médiatiques préexistantes. Croisements, feux de signalisation, véhicules, rues en perspective, bords de routes, sont autant de signes d’aménagement urbain, de repères géographiques, de représentations de notre quotidien.

La trame est prépondérante dans cette œuvre qualifiée de néo-pointilliste. Le point y est magnifié, sublimé, exagérément grossi. Ce rapport d’échelle offre une nouvelle lecture du sujet, notre perception étant modifiée par la taille du point, la taille de l’œuvre et notre position. En utilisant des images familières, l’artiste interroge notre mémoire, nos souvenirs imprécis, notre regard troublé par un décalage imperceptible des couleurs. Je réalise des images qui sont déjà imprimées sur notre rétine. Ces images banales rappellent le code de la route ou peut-être un jeu vidéo, une simulation de la réalité. S’y croisent les avenues déshumanisées d’un environnement périurbain, des routes monotones aux portes des villes, où la présence humaine semble réduite à quelques véhicules, tels des jouets dans un décor désertique.


Le point fluctue selon la taille que l’artiste lui attribue, définissant ainsi les règles d’un réalisme plus ou moins marqué, comme si ce réalisme n’était plus nécessaire à une époque où les images sont omniprésentes, retouchées voire générées par l’IA. On pense aussi à un voyage où le paysage défile à une vitesse si vertigineuse que nous n’en percevons que des bribes, vagues impressions d’une réalité hypnotique et déformée. Le point varie aussi selon la position du spectateur auquel Ben Spider impose une distance qui rappelle l’Optical Art. La vision est perturbée, ce qui amène le spectateur à se rapprocher et à s’éloigner pour une expérience visuelle différente, pour “faire le point”. Grossir le point c’est tendre vers l’abstraction, le réduire c’est tendre vers le réalisme. Je recherche un intermédiaire, un point de rencontre entre les deux qui fait appel à l’œil du spectateur pour remettre les choses en place.


De près, l’image s’efface derrière un système minimal où des points de couleurs primaires s’entrecroisent et se démultiplient à l’infini. Reste une trace floue aux contours nets et précis, rendue possible par la technologie et la puissance du numérique. Mes recherches consistent à exploiter une fiction et à en modifier l’échelle pour en révéler une dimension parallèle. J’essaye de créer un univers à partir d’un élément insignifiant.


Spider nous propose une nouvelle forme de sérigraphie mixant le copier-coller et la manipulation graphique. Un tableau qui n’est ni une peinture, ni une photo, ni une sérigraphie mais une sorte d’hybride entre les trois, une sorte d’illustration imprimée, relevant de la tradition de l’estampe.

Sa technique de sérigraphie numérique consiste à diviser une image en quatre couleurs d’impression (cyan, magenta, jaune et noir) et à réaliser une version tramée de chacune d’elles, à l’aide de logiciels de création graphique, dans le but d’obtenir une image supportant l’agrandissement. Les quatre couleurs sont à nouveau rassemblées avant l’impression. Ce procédé lui permet non seulement d’utiliser des images en basse définition trouvées en ligne, mais aussi de s’affranchir des contraintes de taille et de résolution à l’impression. 


Sa technique lui donne l’occasion d’explorer différents thèmes dans d’autres séries déjà exposées à la Maison Marceau et aux Arches Citoyennes, notamment Saint-Clair Remix, une tentative de clonage d’une œuvre disparue. 


Ces œuvres interrogent le rapport entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, entre l’original et la copie, entre l’éphémère et l’éternel. Elles explorent l’invisible au croisement du réel et de l’imaginaire, laissant une empreinte poétique de notre civilisation.





Pour aller plus loin :

Copie/Recopie, article dans la revue:nox

Lire l’article


Saint Clair Remix
Dossier de presse


Pour aller encore plus loin :

Invisible, livre d’artiste de Ben Spider

Nouveauté 2024, 16x24 cm, 184 pages couleur, 28 €, éditions nox.center


Attention, la trame peut perturber la vision notamment chez les personnes atteintes d’épilepsie. 

Nowhere Now
5-10 avril 2024
Vernissage : vendredi 5 avril à 18h30

nox.center / Les Vitrines des Arches

Les Arches Citoyennes
4 rue Saint Martin 75004 Paris
M° Hôtel de Ville ou Châtelet 

www.nox.center

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Article dans la revue:nøx